À Bangui, le pape appelle les Centrafricains à "résister à la peur de l’autre"

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À Bangui, le pape appelle les Centrafricains à "résister à la peur de l’autre"

France 24, 29 Nov 2015

URL: http://www.france24.com/fr/20151129-centrafrique-bangui-pape-francois-resister-peur-autre-catherine-samba-panza
Le pape François a appelé dimanche à Bangui les Centrafricains à "résister à la peur de l'autre", d'une autre ethnie ou religion, dans un pays en proie à des violences intercommunautaires, et à "ouvrir une nouvelle étape" après les élections.

À son arrivée à Bangui, dimanche 29 novembre, le pape François a fustigé "la tentation de la peur de l'autre", de ce qui "n'appartient pas à notre ethnie, à nos options politiques ou à notre confession religieuse". Il a par ailleurs espéré que les élections présidentielle et législatives, dont le premier tour est prévu le 27 décembre, vont aider à "ouvrir une nouvelle étape".

Le souverain pontife s'est rendu en Centrafrique sous haute sécurité dimanche, pour la troisième et dernière étape de sa tournée africaine. Il est passé par le camp de déplacés de Saint-Sauveur, où "comme à son habitude, il a fait fi de tous les protocoles de sécurité", raconte sur place Anthony Fouchard, correspondant de France 24 à Bangui. "Les casques bleus de l'ONU ne savaient plus où donner de la tête. Ensuite, il s'est adressé à ces déplacés, il leur a dit qu'il fallait se réconcilier, qu'il fallait accepter de pardonner et tendre la main à l'autre", précise notre correspondant.

Le présidente centrafricaine de transition Catherine Samba-Panza a pour sa part demandé "pardon" devant le pape pour "tout le mal" commis par les Centrafricains lors des violences intercommunautaires qui ont ensanglanté le pays depuis 2013.

"Il revient aux filles et aux fils de ce pays de reconnaître leurs fautes et demander un pardon sincère que votre bénédiction transformera en un nouveau levain pour la reconstruction du pays", a-t-elle déclaré, en recevant François au Palais présidentiel.

Catherine Samba-Panza : "Nous avons absolument besoin de ce pardon"

"Au nom de toute la classe dirigeante de ce pays mais aussi de tous ceux qui ont contribué à sa descente aux enfers, je confesse tout le mal qui a été fait et demande pardon du fond de mon cœur. Nous avons absolument besoin de ce pardon parce que les dernières évolutions de la crise sont apparues comme des abominations commises au nom de la religion par des gens qui se disent des croyants", a poursuivi la présidente, qui a qualifié la visité papale d’"une bénédiction du ciel".

"Des Centrafricains ont infligé des souffrances inqualifiables à d'autres Centrafricains. Nous avons absolument besoin de ce pardon parce que nos cœurs sont endurcis par les forces du mal. L'amour sincère du prochain nous a quitté et nous sommes ancrés dans l'intolérance".

La Centrafrique a basculé dans la violence après la prise du pouvoir à Bangui de la rébellion à majorité musulmane de la Séléka en mars 2013, qui a commis de graves exactions à l'encontre des civils entraînant un cycle infernal de représailles intercommunautaires entre combattants de la Séléka et milicens anti-balaka majoritairement chrétiens.

L'intervention militaire française en décembre 2013 a chassé la Séléka du pouvoir mais le pays reste depuis enlisé dans les violences entre musulmans et chrétiens.

Avec AFP