Le Mali toujours fragilisé par les djihadistes
Le Mali toujours fragilisé par les djihadistes
Le Croix, 22 Nov 2015
URL: http://www.la-croix.com/Actualite/Monde/Afrique/Le-Mali-toujours-fragilise-par-les-djihadistes-2015-11-22-1383532
La capitale malienne a été visée par un attentat meurtrier vendredi 20 novembre.
Le groupe djihadiste Al-Mourabitoune a revendiqué cette attaque.
Attaque au cœur de la capitale, otages piégés dans un lieu clos, victimes tuées à la kalachnikov, assaut des forces de l’ordre, état d’urgence, deuil national de trois jours et recherche active de plusieurs suspects… une semaine après la France, le scénario de l’attentat terroriste et de ses suites se répète au Mali.
À Bamako, c’est un hôtel international fréquenté par les étrangers, le Radisson Blu, qui a été ciblé. Un lieu symbolique où descendent toutes les délégations internationales, les hommes d’affaires africains et les riches Maliens. Séjournaient, le jour de l’attaque, une délégation de l’Organisation internationale de la francophonie (l’un de ses membres a été tué au cours de cet attentat), les équipages d’Air France et de Turkish Airlines.
Le bilan de l’attentat est de 21 morts, selon le ministre de la sécurité intérieure, le colonel Salif Traoré : 18 clients, un gendarme malien et deux terroristes. La majorité des victimes sont des étrangers : six Russes, trois Chinois, deux Belges, une Américaine, un Sénégalais et un Israélien.
FAIRE LA DÉMONSTRATION DE LEUR PUISSANCE DE FRAPPE
Ce lieu, hautement symbolique du Mali international, moderne et en devenir, se trouvait aussi dans le quartier le plus sécurisé de la capitale. S’en prendre à cet hôtel, c’était pour les terroristes faire la démonstration de leur puissance de frappe, de l’incapacité du Mali à assurer sa sécurité, et de l’impuissance des forces internationales à les chasser définitivement de ce pays.
L’armée française est pourtant engagée contre ces groupes depuis janvier 2013, et les casques bleus, depuis juillet 2013. Dans un premier temps, ils les ont chassés des zones qu’ils contrôlaient sans partage depuis des années, dans le nord du Mali. Mais depuis janvier 2015, les djihadistes se sont lancés dans une série d’opérations terroristes dans le centre et le sud du Mali, prenant à revers et par surprise les forces armées.
En 2015, le Mali a été frappé une demi-douzaine de fois par ces groupes : sur sa frontière mauritanienne, sur sa frontière ivoirienne, dans un hôtel du centre du pays (13 morts), et déjà une fois à Bamako, au restaurant La Terrasse, le 7 mars (5 morts). L’attentat de vendredi a été revendiqué par le groupe islamiste Al-Mourabitoune, de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, donné plusieurs fois pour mort. Ce dernier, dit le « Borgne » ou « Marlboro », est un ancien du GSPC, le groupe islamiste responsable de la guerre civile en Algérie, dans les années 1990.
AL-MOURABITOUNE S’EST REBAPTISÉ « AL-QAIDA EN AFRIQUE DE L’OUEST »
Sous son impulsion, le GSPC s’était rapproché d’Al-Qaida au tournant des années 2000, avant de devenir, en 2007, Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Responsable d’enlèvements, d’attaques en série (comme celle d’In Amenas en Algérie qui s’est soldée par 38 otages tués en 2013), Mokhtar Belmokhtar est l’un des djihadistes de la bande sahélo-saharienne (BSS) les plus recherchés au monde.
C’est à l’été 2013 qu’il fonde le groupe Al-Mourabitoune, né d’une fusion entre deux autres groupes : Les signataires du sang et le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Fuyant l’intervention française en janvier 2013 dans le nord du Mali, Mokhtar Belmokhtar se serait réfugié en Libye où il recrute ses nouveaux combattants (notamment des Nigériens et des Nigérians) et d’où il lance ses attaques suicides.
Dans la galaxie fluctuante des groupes armés de la BSS, Al-Mourabitoune est resté fidèle à Al-Qaida : à ce jour, Mokhtar Belmokhtar a toujours refusé de faire allégeance à Daech. Cet été, Al-Mourabitoune s’est même rebaptisé « Al-Qaida en Afrique de l’Ouest ».
LAURENT LARCHER
Le groupe djihadiste Al-Mourabitoune a revendiqué cette attaque.
Attaque au cœur de la capitale, otages piégés dans un lieu clos, victimes tuées à la kalachnikov, assaut des forces de l’ordre, état d’urgence, deuil national de trois jours et recherche active de plusieurs suspects… une semaine après la France, le scénario de l’attentat terroriste et de ses suites se répète au Mali.
À Bamako, c’est un hôtel international fréquenté par les étrangers, le Radisson Blu, qui a été ciblé. Un lieu symbolique où descendent toutes les délégations internationales, les hommes d’affaires africains et les riches Maliens. Séjournaient, le jour de l’attaque, une délégation de l’Organisation internationale de la francophonie (l’un de ses membres a été tué au cours de cet attentat), les équipages d’Air France et de Turkish Airlines.
Le bilan de l’attentat est de 21 morts, selon le ministre de la sécurité intérieure, le colonel Salif Traoré : 18 clients, un gendarme malien et deux terroristes. La majorité des victimes sont des étrangers : six Russes, trois Chinois, deux Belges, une Américaine, un Sénégalais et un Israélien.
FAIRE LA DÉMONSTRATION DE LEUR PUISSANCE DE FRAPPE
Ce lieu, hautement symbolique du Mali international, moderne et en devenir, se trouvait aussi dans le quartier le plus sécurisé de la capitale. S’en prendre à cet hôtel, c’était pour les terroristes faire la démonstration de leur puissance de frappe, de l’incapacité du Mali à assurer sa sécurité, et de l’impuissance des forces internationales à les chasser définitivement de ce pays.
L’armée française est pourtant engagée contre ces groupes depuis janvier 2013, et les casques bleus, depuis juillet 2013. Dans un premier temps, ils les ont chassés des zones qu’ils contrôlaient sans partage depuis des années, dans le nord du Mali. Mais depuis janvier 2015, les djihadistes se sont lancés dans une série d’opérations terroristes dans le centre et le sud du Mali, prenant à revers et par surprise les forces armées.
En 2015, le Mali a été frappé une demi-douzaine de fois par ces groupes : sur sa frontière mauritanienne, sur sa frontière ivoirienne, dans un hôtel du centre du pays (13 morts), et déjà une fois à Bamako, au restaurant La Terrasse, le 7 mars (5 morts). L’attentat de vendredi a été revendiqué par le groupe islamiste Al-Mourabitoune, de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, donné plusieurs fois pour mort. Ce dernier, dit le « Borgne » ou « Marlboro », est un ancien du GSPC, le groupe islamiste responsable de la guerre civile en Algérie, dans les années 1990.
AL-MOURABITOUNE S’EST REBAPTISÉ « AL-QAIDA EN AFRIQUE DE L’OUEST »
Sous son impulsion, le GSPC s’était rapproché d’Al-Qaida au tournant des années 2000, avant de devenir, en 2007, Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). Responsable d’enlèvements, d’attaques en série (comme celle d’In Amenas en Algérie qui s’est soldée par 38 otages tués en 2013), Mokhtar Belmokhtar est l’un des djihadistes de la bande sahélo-saharienne (BSS) les plus recherchés au monde.
C’est à l’été 2013 qu’il fonde le groupe Al-Mourabitoune, né d’une fusion entre deux autres groupes : Les signataires du sang et le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Fuyant l’intervention française en janvier 2013 dans le nord du Mali, Mokhtar Belmokhtar se serait réfugié en Libye où il recrute ses nouveaux combattants (notamment des Nigériens et des Nigérians) et d’où il lance ses attaques suicides.
Dans la galaxie fluctuante des groupes armés de la BSS, Al-Mourabitoune est resté fidèle à Al-Qaida : à ce jour, Mokhtar Belmokhtar a toujours refusé de faire allégeance à Daech. Cet été, Al-Mourabitoune s’est même rebaptisé « Al-Qaida en Afrique de l’Ouest ».
LAURENT LARCHER