Une journée d’opération de pré-DDR à Kaga -Bandoro
Une journée d’opération de pré-DDR à Kaga -Bandoro
MINUSCA, 28 Jan 2016
URL: http://minusca.unmissions.org/une-journ%C3%A9e-d%E2%80%99op%C3%A9ration-de-pr%C3%A9-ddr-%C3%A0-kaga-bandoro
Kaga-Bandoro ce matin-là ; sous un grand arbre situé non loin de l’aérodrome de la ville, se forment quatre rangées d’hommes, de femmes, de jeunes et de moins jeunes. Ce sont des ex-combattants Selekas et anti-Balakas qui viennent percevoir leur rétribution hebdomadaire après qu’ils ont rempli leur part de contrat de prestation tel que voulu par la MINUSCA dans le cadre des activités de pré-DDR. Cela se passe sous l’œil vigilant de quelques éléments de la Force de la MINUSCA, tandis qu’un représentant du bureau DDR du secteur Centre soutenu par deux coordonnateurs des ex-Selekas et ex-AntiBalakas, procède au paiement. Chaque combattant enregistré dans la base de données de la MINUSCA reçoit son dû. Après décompte et vérification des fiches de présence, le financier envisage de payer 477 ex-combattants, désarmés volontairement.
Préalablement et conformément au pré-DDR, le combattant a déposé son arme, s’est fait enregistré par les services compétents de la MINUSCA et s’est engagé à ne plus participer à une quelconque activité de nature à entraver le processus de paix. Une condition sine qua non pour participer au « Cash for work ». Ce programme consiste à occuper les ex-combattants dans des travaux à haute intensité de main d’œuvre en échange d’une rémunération et de la nourriture quotidienne.
Le ComZone des Anti-Balakas à Kaga-Bandoro, Narbin Max, exprime son soutien à cette opération de pre-DDR conçue par les Nations Unies : « Je vis ici à Kaga Bandoro et je couvre l’axe Boto, Wandaga et Ngrevai. J’ai sous ma responsabilité 2880 combattants. Parmi eux, 218 éléments ont rendu leurs armes. Certes, le nombre reste encore limité mais il faut reconnaitre que c’est un pas très important dans le processus de paix. Je suis en phase avec la MINUSCA sur sa politique de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex combattants. Et si les conditions sont réunies je serai amené à démobiliser tous mes combattants », avant de préciser que beaucoup de ses éléments souhaitent intégrer les Forces Armées Centrafricaines, la Police, la Gendarmerie, les Eaux et Forêts ou les Douanes.
Le colonel Moctar Younouss Tidjani, ancien membre de l’état-major de Michel Djotodia, fait partie des ex-Seleka « démobilisés de Bangui » en Septembre 2015 par l’Organisation Internationale des Migrations (OIM). Acheminé à Kaga Bandoro depuis lors, ce natif de Ndélé exerce actuellement le rôle de coordonnateur de son groupe engagé dans le processus du pré-DDR. « Je suis ravi de participer avec mon groupe aux activités du pré-DDR de la MINUSCA. Je trouve que ce programme est venu à son heure et qu’il nous permet de mener des activités concrètes », affirme-t-il. Avant d’ajouter qu’il a maintenant compris la mission des Nations Unies et l’importance du DDR et qu’il s’engage davantage à prendre son bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole : « tous les jours, je fais de la sensibilisation auprès de mes frères d’armes pour les inciter à déposer leurs armes et à s’engager dans les opérations du pré-DDR ».
Son adjoint, Oded Mbetibanga, souscrit aux propos de son chef ; ce combattant ex-Seleka fait partie des 21 superviseurs désignés par le bureau DDR de Kaga Bandoro pour veiller au respect des horaires de travail et à l’accomplissement des tâches définies dans le contrat de prestation de service dans la ville. Des taches multiples et variées qui vont de l’assainissement à l’artisanat en passant par les travaux publics, la mécanique, la maçonnerie, etc.
Chaque matin, un groupe de 25 ex-combattants se charge de nettoyer les bureaux des institutions étatiques, les espaces communs et les structures d’utilité publique notamment les écoles et postes de santé. Sous un soleil de plomb et dans un nuage de poussière, Damanguere Guy Elias, un ancien élève du lycée de Fatima de Bangui, s’efforce de rendre les rues et ruelles de la capitale du Nanagribizi propres. Un challenge pour ce jeune homme, la vingtaine en bandoulière, qui a quitté malgré lui les salles de classe en 2013 pour intégrer les rangs des anti-Balaka à la suite de l’assassinat de ses parents. « J’avais gagné le maquis pour venger mon père et ma mère tués par des ex- Seleka. C’est ainsi que je suis parti de Bangui dans le seul but de me faire justice et de défendre en conséquence ma communauté. A présent, après une prise de conscience sérieuse et une forte sensibilisation de certains de mes frères d’armes, j’ai décidé depuis le 9 novembre 2015 de déposer mon arme », confie-t-il.
Bernadette Ibmeti, mère-célibataire de huit enfants, mesure, elle aussi, l’intérêt du pré-DDR. Ex-combattante anti Balaka, cette cinquantenaire a choisi de déposer son arme pour bénéficier du programme qui lui apporte emploi et nourriture ; « un miracle » selon ses dires. Chaque matin, elle quitte sa maison pour participer aux opérations de nettoyage de la préfecture et des grandes artères du centre-ville. L’argent tiré de cette activité lui permet tant bien que mal d’assurer ses dépenses quotidiennes et de s’occuper de l’éducation et de la prise en charge sanitaire de sa progéniture. « Certes, les ex-Seleka m’ont arraché mon enfant chéri dans la fleur de l’âge ; il avait 28 ans lors des évènements de 2013. Mais je pense que notre salut dépend de notre volonté commune de déposer les armes, de tourner la page et de participer aux opérations du pré-DDR », soutient-elle. Avant d’ajouter, non sans émotion, « je veux la paix c’est pourquoi j’ai déposé mon arme ».
En plus de la dimension genre, le pré-DDR prend en compte les combattants du troisième âge. André Kaga, âgé de 66 ans, est combattant anti-Balaka. Il s’évertue à lutter contre le désœuvrement. Volontairement, ce grand-père a rendu son arme pour, dit-il, « participer au pré-DDR ». A en croire ce combattant, ce programme a un impact réel sur le quotidien des populations : « Je me suis acheté un vélo grâce, et ceci facilite mes déplacements. »
Sur le principal axe routier qui mène à la sortie de la ville en allant vers Ndélé, un bar porte le nom de « COHESION SOCIALE ». Un « maquis » dont la célébrité dépasse les frontières de Kaga Bandoro. Ici, on célèbre de façon ostentatoire, la Cohésion sociale ; une façon de reconnaitre que le programme pré-DDR transforme le quotidien des habitants.
Trois mois sont écoulés depuis le début des opérations. Sur place, les effets sont palpables via la floraison de cantines d’alimentation, des boutiques d’habillement et de vente de produits cosmétiques, des cabines téléphoniques et le développement fulgurant du transport urbain, en l’occurrence, les motos-taxis… sans oublier le retour à l’épargne solidaire par le biais du système de tontine. Une tendance à la reprise de l’économie locale synonyme de l’amélioration des conditions de vie des populations bénéficiaires. Indicateur majeur de la renaissance de l’espérance dans une ville longtemps prise en étau entre les serres féroces de groupes armés rivaux
Préalablement et conformément au pré-DDR, le combattant a déposé son arme, s’est fait enregistré par les services compétents de la MINUSCA et s’est engagé à ne plus participer à une quelconque activité de nature à entraver le processus de paix. Une condition sine qua non pour participer au « Cash for work ». Ce programme consiste à occuper les ex-combattants dans des travaux à haute intensité de main d’œuvre en échange d’une rémunération et de la nourriture quotidienne.
Le ComZone des Anti-Balakas à Kaga-Bandoro, Narbin Max, exprime son soutien à cette opération de pre-DDR conçue par les Nations Unies : « Je vis ici à Kaga Bandoro et je couvre l’axe Boto, Wandaga et Ngrevai. J’ai sous ma responsabilité 2880 combattants. Parmi eux, 218 éléments ont rendu leurs armes. Certes, le nombre reste encore limité mais il faut reconnaitre que c’est un pas très important dans le processus de paix. Je suis en phase avec la MINUSCA sur sa politique de désarmement, de démobilisation et de réintégration des ex combattants. Et si les conditions sont réunies je serai amené à démobiliser tous mes combattants », avant de préciser que beaucoup de ses éléments souhaitent intégrer les Forces Armées Centrafricaines, la Police, la Gendarmerie, les Eaux et Forêts ou les Douanes.
Le colonel Moctar Younouss Tidjani, ancien membre de l’état-major de Michel Djotodia, fait partie des ex-Seleka « démobilisés de Bangui » en Septembre 2015 par l’Organisation Internationale des Migrations (OIM). Acheminé à Kaga Bandoro depuis lors, ce natif de Ndélé exerce actuellement le rôle de coordonnateur de son groupe engagé dans le processus du pré-DDR. « Je suis ravi de participer avec mon groupe aux activités du pré-DDR de la MINUSCA. Je trouve que ce programme est venu à son heure et qu’il nous permet de mener des activités concrètes », affirme-t-il. Avant d’ajouter qu’il a maintenant compris la mission des Nations Unies et l’importance du DDR et qu’il s’engage davantage à prendre son bâton de pèlerin pour prêcher la bonne parole : « tous les jours, je fais de la sensibilisation auprès de mes frères d’armes pour les inciter à déposer leurs armes et à s’engager dans les opérations du pré-DDR ».
Son adjoint, Oded Mbetibanga, souscrit aux propos de son chef ; ce combattant ex-Seleka fait partie des 21 superviseurs désignés par le bureau DDR de Kaga Bandoro pour veiller au respect des horaires de travail et à l’accomplissement des tâches définies dans le contrat de prestation de service dans la ville. Des taches multiples et variées qui vont de l’assainissement à l’artisanat en passant par les travaux publics, la mécanique, la maçonnerie, etc.
Chaque matin, un groupe de 25 ex-combattants se charge de nettoyer les bureaux des institutions étatiques, les espaces communs et les structures d’utilité publique notamment les écoles et postes de santé. Sous un soleil de plomb et dans un nuage de poussière, Damanguere Guy Elias, un ancien élève du lycée de Fatima de Bangui, s’efforce de rendre les rues et ruelles de la capitale du Nanagribizi propres. Un challenge pour ce jeune homme, la vingtaine en bandoulière, qui a quitté malgré lui les salles de classe en 2013 pour intégrer les rangs des anti-Balaka à la suite de l’assassinat de ses parents. « J’avais gagné le maquis pour venger mon père et ma mère tués par des ex- Seleka. C’est ainsi que je suis parti de Bangui dans le seul but de me faire justice et de défendre en conséquence ma communauté. A présent, après une prise de conscience sérieuse et une forte sensibilisation de certains de mes frères d’armes, j’ai décidé depuis le 9 novembre 2015 de déposer mon arme », confie-t-il.
Bernadette Ibmeti, mère-célibataire de huit enfants, mesure, elle aussi, l’intérêt du pré-DDR. Ex-combattante anti Balaka, cette cinquantenaire a choisi de déposer son arme pour bénéficier du programme qui lui apporte emploi et nourriture ; « un miracle » selon ses dires. Chaque matin, elle quitte sa maison pour participer aux opérations de nettoyage de la préfecture et des grandes artères du centre-ville. L’argent tiré de cette activité lui permet tant bien que mal d’assurer ses dépenses quotidiennes et de s’occuper de l’éducation et de la prise en charge sanitaire de sa progéniture. « Certes, les ex-Seleka m’ont arraché mon enfant chéri dans la fleur de l’âge ; il avait 28 ans lors des évènements de 2013. Mais je pense que notre salut dépend de notre volonté commune de déposer les armes, de tourner la page et de participer aux opérations du pré-DDR », soutient-elle. Avant d’ajouter, non sans émotion, « je veux la paix c’est pourquoi j’ai déposé mon arme ».
En plus de la dimension genre, le pré-DDR prend en compte les combattants du troisième âge. André Kaga, âgé de 66 ans, est combattant anti-Balaka. Il s’évertue à lutter contre le désœuvrement. Volontairement, ce grand-père a rendu son arme pour, dit-il, « participer au pré-DDR ». A en croire ce combattant, ce programme a un impact réel sur le quotidien des populations : « Je me suis acheté un vélo grâce, et ceci facilite mes déplacements. »
Sur le principal axe routier qui mène à la sortie de la ville en allant vers Ndélé, un bar porte le nom de « COHESION SOCIALE ». Un « maquis » dont la célébrité dépasse les frontières de Kaga Bandoro. Ici, on célèbre de façon ostentatoire, la Cohésion sociale ; une façon de reconnaitre que le programme pré-DDR transforme le quotidien des habitants.
Trois mois sont écoulés depuis le début des opérations. Sur place, les effets sont palpables via la floraison de cantines d’alimentation, des boutiques d’habillement et de vente de produits cosmétiques, des cabines téléphoniques et le développement fulgurant du transport urbain, en l’occurrence, les motos-taxis… sans oublier le retour à l’épargne solidaire par le biais du système de tontine. Une tendance à la reprise de l’économie locale synonyme de l’amélioration des conditions de vie des populations bénéficiaires. Indicateur majeur de la renaissance de l’espérance dans une ville longtemps prise en étau entre les serres féroces de groupes armés rivaux