L’ONU instaure une "zone de sécurité" autour de Kidal après de violents combats

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L’ONU instaure une "zone de sécurité" autour de Kidal après de violents combats

France 24 & AFP, 18 Aug 2015

URL: http://www.france24.com/fr/20150818-mali-affrontements-touareg-onu-zone-securite-kidal-proteger-civils
L’ONU a annoncé qu’une "zone de sécurité" serait établie mardi sur un périmètre de 20 kilomètres autour de Kidal afin de protéger les civils des violences qui ont éclaté entre un groupe armé progouvernemental et la rébellion à dominante touareg.

À partir du mardi 18 août, Kidal et une zone de 20 kilomètres à la ronde seront protégés par une "zone de sécurité" instaurée par l’ONU. Lundi, des combats entre un groupe armé progouvernemental et la rébellion à dominante touareg ont fait plusieurs morts.

La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, rébellion) et le Groupe d'auto-défense touareg Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako) étaient impliqués pour le troisième jour consécutif dans des violences autour de la ville de Kidal, fief de la CMA à plus de 1 500 km au nord de Bamako, la capitale.

Le Gatia et la CMA font partie des signataires de l'accord de paix conclu à Alger, signé le 15 mai par le gouvernement malien et ses groupes alliés, puis le 20 juin par la rébellion.

Le contrôle des territoires au cœur des conflits

Selon Serge Daniel, le correspondant de France 24 à Bamako, "c’est le contrôle de territoires du nord du Mali qui a déclenché les combats". "Actuellement nous sommes en saison pluvieuses […] les routes sont impraticables et [elles] sont essentielles pour pouvoir circuler, porter des marchandises, transporter de l’armement. La deuxième chose, c’est que qui contrôle le plus grand territoire, contrôle le nord du Mali et est important dans les négociations. Ensuite, il y a des problèmes entre tribus : ce n’est pas parce qu’on est touaregs qu’on est frères. Il y a de l’animosité entre ces tribus", détaille le journaliste.

Les affrontements de lundi, les plus violents, se sont déroulés à Anéfis (environ 120 km de Kidal) et ont fait "au moins 10 morts et de nombreux blessés", selon une source sécurité au sein de la Minusma.

Un responsable du Gatia, Fahad Ag Almahmoud, a assuré que son mouvement a fait "15 morts dont des chefs militaires" et "une dizaine de prisonniers" dans le camp adverse. Il a ajouté que le Gatia a saisi sept pick-up, deux véhicules blindés et d'importantes quantités d'armes et de munitions, et pris le contrôle d'Anéfis, ce qui a été confirmé à l'AFP par un élu local et une source internationale.

Protéger les populations civiles

"En violant le cessez-le-feu, les groupes armés pro-gouvernement malien [Gatia, NDLR] ont pris le contrôle d’Anefis, qui est à une centaine de kilomètres de Kidal, donc il faut éviter que ces groupes montent vers Kidal, alors qu’il y a des populations civiles. Il faut les protéger. C’est pour cette raison que la mission de l’ONU a décidé d’instaurer cette zone", explique Serge Daniel, ajoutant que "tout homme qui rentrera [dans la zone] avec une arme sera considéré comme un ennemi".

La Minusma a également annoncé qu'elle mènera des enquêtes "pour déterminer les responsabilités en matière de violation du cessez-le-feu" dont les conclusions seront transmises au Conseil de sécurité de l'ONU.

Les États-Unis ont de leur côté appelé dans un communiqué les belligérants "à relâcher les prisonniers et à se conformer" à l'accord de paix conclu à l'issue de plusieurs mois de médiation internationale conduite par l'Algérie.

Cet accord vise à établir une paix durable dans le nord du Mali, ex-colonie française qui a connu une série de rébellions touareg depuis les premières années de son indépendance, en 1960.

Les rebelles touareg ont d'abord été alliés aux islamistes qui, les ayant ensuite évincés, ont contrôlé le nord du Mali de fin mars-début avril 2012, jusqu'au déclenchement en janvier 2013 d'une intervention militaire internationale.

Cette opération a en grande partie chassé et dispersé les jihadistes de cette région mais plusieurs zones du pays échappent encore au contrôle des forces nationales et internationales.

Avec AFP