Libération de Lazarevic: le président malien menace les jihadistes libérés

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Libération de Lazarevic: le président malien menace les jihadistes libérés

RFI, 16 Dec 2014

URL: http://www.rfi.fr/afrique/20141216-liberation-lazarevic-president-malien-menace-jihadistes-liberes-terrorisme/
C’est la première fois qu’il s’exprime depuis la libération de l’otage français, Serge Lazarevic, et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta joue la fermeté. Il annonce en exclusivité sur RFI que les quatre hommes sortis de prison en échange du Français seront traqués où qu’ils soient. Les armées maliennes, françaises et nigériennes mettront tout en œuvre pour les retrouver, selon le chef de l’Etat malien.

RFI : Beaucoup de Maliens n’ont pas compris pourquoi quatre jihadistes, détenus à Bamako, ont été remis en liberté, il y a quelques jours. Qu’est-ce que vous pouvez leur dire ?

Ibrahim Boubacar Keïta : Je peux leur dire ceci : il n’est pas toujours facile de décider, surtout quand il s’agit de sujets aussi graves que ceux qui touchent à la vie et à la liberté. Nul, au Mali, de bonne foi ne peut mettre en doute le fait que, pour moi, la vie d’un Malien est un pesant d’or ; nul, je pense, en France ne pourrait mettre en doute le fait que pour Hollande, la vie d’un Français vaut son pesant d’or. Nul ne pourra mettre en doute le fait que pour mon frère, Mahamadou Issoufou, la vie d’un homme vaut un pesant d’or. Tous trois, nous partageons les mêmes valeurs fondamentales qui placent l’homme au cœur de tous nos projets. Cette décision concernant la libération de Serge Lazarevic, ce souci de contribuer à faire en sorte qu’il recouvre ce dont aucun homme ne devrait être privé, nous avons commencé à en parler dès le sommet de Paris, il y a un an. Nous en sommes seulement là, à l’épilogue qui a été fort heureux. Une décision grave donc, qu’il nous aura fallu prendre mais une décision qui fait en sorte, aujourd’hui, que nous n’avons plus aucun otage français dans le Sahel. Nous ne pouvons pas vouloir une chose et son contraire : une force française d’appui à la lutte contre le terrorisme efficace et, en même temps, entravée. Il n’est pas facile, lorsqu’on a un ressortissant d’un lien de cet esclavage moderne qu’est le terrorisme, que l’on puisse déployer toute sa capacité de réduction de cet ennemi de l’humanité qu’est le terrorisme. Cela est un élément essentiel. Ensuite, que nul ne se méprenne sur notre détermination à poursuivre, par tous les moyens, ces hommes-là qui se sont rendus coupables d’une telle ignominie où qu’ils se trouvent.

RFI : Voulez-vous dire que les quatre jihadistes libérés ont des soucis à se faire ?

IBK : Je ne vous le fais pas dire. A leur place, j’eusse préféré rester en prison.