Tchad Boko Haram Cameroun Afrique En lutte contre Boko Haram le Tchad frôle l'asphyxie économique

...

Tchad Boko Haram Cameroun Afrique En lutte contre Boko Haram le Tchad frôle l'asphyxie économique

France 24, 11 Feb 2015

URL: http://www.france24.com/fr/20150210-boko-haram-immersion-brigade-fluviale-tchadienne-tchad-police-fleuve-chari-cameroun-ndjamena/
Le durcissement des mesures de sécurité face à la menace Boko Haram n’est pas sans conséquence pour l’économie tchadienne. L'envoyé spécial de France 24 au Tchad s'est rendu sur le marché de N’Djamena, où les prix ont flambé.

Le 17 janvier, quand le président tchadien Idriss Déby répond à l'appel de son homologue camerounais, Paul Biya, l'objectif clairement affiché est de partir en guerre contre Boko Haram. Idriss Déby avait déjà alerté la communauté internationale depuis plusieurs mois sur la déstabilisation régionale provoquée par Boko Haram. La Libye et le Niger au Nord, le Nigeria à l'Ouest, le Soudan et la Centrafrique à l'Est et le Cameroun au Sud.

Depuis deux ans, le Tchad a renforcé sa présence militaire aux frontières avec le Cameroun et désormais avec le Niger et le Nigeria, le long du lac Tchad. Malgré tout, Boko Haram est aux portes du Tchad. Un souci de plus pour ce pays enclavé, entouré de voisins qui peinent à assurer leur propre sécurité intérieure.

Mais le durcissement des mesures de sécurité au Tchad rend difficile l'acheminement des importations de biens de consommation et des exportations de bétail du pays. Dégager les passages frontaliers et les axes de circulation vitaux devient l’un des enjeux de l'engagement militaire tchadien dans la lutte contre Boko Haram, car le commerce est quasiment stoppé depuis un an et demi à la frontière avec le Nigeria. L'axe N’Djamena, Kousseri, Maidiguru est au point mort à cause de la présence de Boko Haram dans la zone de Fotokol et Gambaru.

"Il est devenu difficile et dangereux d'aller se ravitailler à Maiduguri", explique Hamed Hammad, commerçant sur le marché central de N’Djamena. Sa dernière cargaison de henné achetée au pays voisin remonte à trois mois. Par conséquent, il est contraint de le vendre plus cher qu'avant et les clientes toisent sa marchandise.

Même son de cloche, quelques étales plus loin chez un vendeur de lait en poudre. Sa marchandise vient de Dubaï, du Cameroun, des Pays-Bas et du Nigeria. Les trois derniers sacs de 25 kg de lait nigérian peinent à trouver preneurs, même en étant en tête de gondole. Il faut reconnaître que le prix est passé de 50 à 80 000 francs CFA.

Et ce ne sont pas seulement les produits nigérians qui semblent être touchés par cette inflation. Les produits vivriers, comme la tomate du Cameroun, ou encore les produits domestiques ne sont pas épargnés.

"Avant on achetait de la lessive à 750 francs, maintenant on la paie 900-1 000 francs CFA", confie dépitée, Chantal Lassere, une habituée du marché.

Les échanges qui passaient par le lac Tchad sur les grandes pirogues empruntent maintenant une longue route de contournement par le Niger. L'augmentation des coûts de transport se répercute sur les prix et l'État tchadien est privé d'importantes recettes douanières.

L'axe reliant N’Djamena au sud du Cameroun est sous haute surveillance. Cette route devenue dangereuse reste le principal débouché maritime pour le Tchad, où transite la majeure partie des approvisionnements destinés au sud du pays. Si cette guerre contre Boko Haram dure trop longtemps, le risque pour le Tchad est d’être asphyxié économiquement.