Boko Haram: au Tchad et au Cameroun, un week-end sanglant

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Boko Haram: au Tchad et au Cameroun, un week-end sanglant

RFI, 12 Oct 2015

URL: http://www.rfi.fr/afrique/20151012-tchad-cameroun-week-end-sanglant-ex-boko-haram-etat-islamique-attentat
Le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest, mieux connu sous le nom de Boko Haram, a frappé ce week-end. Au Tchad d'abord, avec une quintuple attaque kamikaze survenue samedi dans une localité sur les rives du lac et qui a fait 43 morts, dont les kamikazes, ainsi qu'une quarantaine de blessés selon le dernier bilan disponible. Puis, dimanche dans le nord du Cameroun, un double attentat-suicide a visé la localité de Kangaleri, près de Mora. Bilan : 11 morts dont les kamikazes, et une trentaine de blessés.

Au Cameroun, le double attentat a eu lieu tôt le matin dans le village Kangaleri, près de Mora. Les deux kamikazes, comme souvent, ont profité de l’affluence en ce jour de marché pour perpétrer le forfait qu'on leur avait attribué. Dans ce cas, il s’agissait de deux fillettes de 12 et 13 ans, selon les informations communiquées par le gouverneur de la région. Les kamikazes, au moment d’actionner leurs explosifs, avaient été aperçues avec des plateaux de beignets sur la tête. Une technique de camouflage, selon un officier.

Le gouverneur de la région a confié que plusieurs autres attentats avaient pu être déjoués tout le long de la semaine, grâce aux dénonciations de la population et le maillage territorial des comités de vigilance. Il a par ailleurs indiqué que les autorités militaires et administratives avaient été prévenues des risques élevés d’attentats, suite aux pressions que subit la secte islamiste au Nigeria. Les attentats de Kangaleri ont porté le total des attaques-suicides à 15 en territoire camerounais.

Cinq attentats-suicide au Tchad samedi

Côté tchadien, cinq attentats-suicide ont endeuillé le pays ce samedi. Les premiers éléments d’enquête ont permis d’établir que ce sont deux femmes, arrivées au camp des déplacés tchadiens de Kousséri, qui ont fait exploser leurs charges, au moment où elles procédaient à des salutations d’usage. Au marché de Bagasola, les kamikazes étaient plus jeunes : des enfants, précise un enquêteur, qui explique que les vérifications d’identité sont en cours, sachant qu’il ne reste que des têtes après l’explosion et parfois de simples bouts de vêtements.

Dans la nuit de samedi à dimanche, le bilan s’est alourdi. Sept blessés ont succombé, portant à 43 le nombre de victimes. Plusieurs rotations d’hélicoptères ont transporté les blessés sur Ndjamena pour des soins.

Dimanche matin, Bagasola s’est réveillée encore sous le choc de la veille. On en a profité pour retirer les corps des décombres pour les inhumer. Les enquêteurs ont aussi prélevé des indices sur les lieux des explosions pour procéder à des analyses afin de répondre à la lancinante question : comment cinq kamikazes ont-ils pu échapper aux mailles du filet sécuritaire tissé dans la région depuis plusieurs mois ?

Boko Haram renforce leur nouvelle stratégie

Tchad et Cameroun frappés dans le même week-end ; les jihadistes poursuivent leur nouvelle stratégie, multiplier les attaques terrorristes pour frapper les populations civiles, surtout dans de petites localités mal défendues, plutôt que s'assurer le contrôle d'un territoire. Le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, estime que Boko Haram n'est plus en mesure de se confronter aux forces armées régionales. Et pense qu'il faut développer les comités de vigilance citoyenne : « C'est à la société civile de prendre le relais, la relève, là où les forces de défense et de sécurité ne peuvent pas agir puisque Boko Haram, désormais, ne se présente pas. »