Militaires disparus au Tchad: l’angoisse des familles grandit

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Militaires disparus au Tchad: l’angoisse des familles grandit

RFI, 20 Apr 2016

URL: http://www.rfi.fr/afrique/20160420-tchad-militaires-disparus-angoisse-familles-grandit-kebzabo
Au Tchad, l'inquiétude grandit chez les familles des membres des forces de sécurité dont on est sans nouvelle depuis l'élection présidentielle. L'opposition parle d'une soixantaine de personnes qui manquent à l'appel, avec un point commun : ils n'auraient pas voté pour le président sortant Idriss Déby à la présidentielle. Les familles s'inquiètent, les associations des droits de l'homme interpellent les autorités. Le ministre de la Communication a expliqué sur RFI que tous ceux dont les noms ont été évoqués sont bien vivants et à leur poste. Ce qui est loin de rassurer leurs proches.

Voilà un homme qui préfère taire son nom. Son frère a disparu le 9 avril, le jour où il a voté. Pendant 72 heures, son téléphone commence par sonner dans le vide, puis il se met sur répondeur. Son frère figure sur la liste établie par le candidat de l’UNDR.

Ce document, affirme Saleh Kebzabo, recense les militaires jetés en prison, portés disparus ou tués pour avoir voté contre le président sortant Idriss Déby, le 9 avril. Le gouvernement tchadien assure que les militaires qui manquent à l’appel sont simplement en mission.

Le témoin contacté par RFI crie au mensonge. « C’est un pur mensonge de dire que la personne est en mission et ne peut pas décrocher les appels. Ce ne sont pas des propos à tenir. Ça, ce sont des propos qui offensent vraiment et qui agacent les parents des victimes », lâche-t-il.

Un lien avec l'élection ?

Notre interlocuteur est persuadé que son frère a été tué pour avoir coché la mauvaise case le jour du scrutin. Aujourd’hui, il réclame aux autorités qu’elles restituent le corps de son frère. « Nous avons d’abord effectué des démarches dans des morgues. Mais dans les morgues, on nous laisse entendre qu’aucun corps n'est arrivé à leur niveau. Qu’on nous remette simplement le corps de notre parent, c’est tout. On a seulement besoin que leur corps soit enterré ».

D’autres familles de disparus joints par RFI conservent l’espoir de retrouver leurs proches, mais leur angoisse grimpe au fil des heures.